Le capitaine Michaël Druart, et sa femme sont responsables du centre communautaire de Liège. Confronté, en 2021 aux inondations qui ont dévasté la région, il s’est montré très engagé dans l’organisation des secours d’urgence, mais aussi dans le suivi des sinistrés à plus long terme. Quand le conflit a éclaté aux frontières de l’Europe, il s’est senti appelé à s’engager auprès de ces peuples réfugiés.
Quand as-tu reçu la confirmation que tu étais appelé à servir Dieu et les hommes au travers de la mission de l’Armée du Salut ?
J’ai connu l’Armée du Salut à l’âge de 5 ans par le biais des camps d’enfants. À 15 ans, j’ai eu la certitude que je devais devenir officier1. Ces dernières années, j’ai suivi des formations pour intervenir dans l’urgence ou se préparer aux catastrophes naturelles. Une nouvelle orientation dans mon ministère. En juin dernier, je suis parti en Roumanie dans le cadre d’un projet d’aide humanitaire pour les familles ukrainiennes.
Que signifie selon toi les termes « Artisans de Paix » ?
Artisans de paix, voilà ce à quoi nous sommes appelés en tant que soldats de l’Armée du Salut, pour apporter la paix et soulager les souffrances humaines au nom de Jésus.
Faut-il être formé pour être un artisan de paix ?
C’est l’œuvre à laquelle chaque chrétien devrait aspirer. Il y a une formation personnelle, mais il faut aussi se laisser guider par Dieu. Il faut de la patience, de la bienveillance et une bonne communication avec le Père céleste et le Saint-Esprit qui inspirent toute attitude. Comme tout travail artisanal, chaque détail de chaque action doit être soigneusement préparé. L’artisan de paix est centré sur son prochain, animé et motivé par sa foi en Jésus-Christ.
Est-ce facile de s’adapter à chaque nouvelle mission ?
Les missions ne sont jamais faciles à comprendre et difficiles à adapter à chaque situation. Quand nous partons sur une mission d’intervention humanitaire, nous ne savons pas à quoi nous allons être confrontés. Il faut s’adapter rapidement et accepter les temps de silence. Je me souviens d’une femme à qui je demandais si elle était mariée. Elle m’a répondu par l’affirmative. Ses enfants se sont mis à pleurer et la fille a dit : « Maman ! Réalise que papa est mort la semaine dernière, la guerre l’a tué ! ». Dans ces moments-là, il est difficile de garder le recul nécessaire. Le silence est difficile à accepter. La seule solution est de se tourner vers Dieu et de prier pour cette famille.
Quelles ont été tes premières impressions ?
Dans les premières heures, c’est le calme, la maîtrise des familles qui arrivent sans rien. Nous réalisons alors que nous vivons dans l’abondance et en sécurité. Nous sommes impuissants face à ce désarroi. Il n’y a pas de mot pour définir la douleur de ces personnes qui ont tout perdu.
Dans quelle mesure estimes tu que l’Armée du Salut puisse être « Artisan de Paix » ?
La mission de l’Armée du Salut ne consiste pas à aider les personnes pour en faire de nouveaux membres pour notre organisation. Elle les aide parce qu’elles sont en souffrance. Elle est artisan de paix parce qu’elle ne cherche pas à imposer ses convictions. Il y a un grand respect de la dignité, des valeurs et de la culture de chacun.
Quelle(s) leçon(s) retires tu de ton séjour à côté des ukrainiens ?
Je ne vois plus la vie comme avant. J’apprends encore aujourd’hui. Quelle que soit la situation que nous vivions, nous pouvons vaincre nos peurs parce que Dieu nous aide. Nous sommes loin de nous imaginer ce qui se passe réellement sur le terrain quand nous vivons dans un pays en sécurité.
Propos recueillis par Christel Lecocq