Courant 2020, la maladie frappe soudainement Bernard Guillot. Plongé trois semaines dans le coma, il frôle la mort à plusieurs reprises. Cinq ans plus tard, il témoigne de cette épreuve marquante, de sa renaissance et de sa profonde reconnaissance envers ceux qui l’ont sauvé :
« Mars 2020. Tout va bien. Je viens de célébrer mon 60ᵉ anniversaire avec mes enfants. Trois jours plus tard, la nouvelle tombe : fermeture des restaurants, des bibliothèques… Suivie du confinement, le premier que la France va connaître. Me voilà donc, comme tant d’autres, en train de remplir une autorisation pour aller faire mes courses, tout en travaillant depuis chez moi. Très vite, mon état de santé se dégrade.
Une consultation en visio plus tard, le diagnostic tombe : je fais partie des victimes du Covid-19.
Quatre jours après, le médecin m’envoie en urgence faire un scanner de contrôle. Ce que je fais. L’équipe qui m’accueille me garde, vu mon état : 75 % de mes poumons sont affectés.
Le lendemain, ne pouvant faire autre chose, la décision est prise de me plonger dans le coma. Je vais rester dans cet état trois semaines.
J’ai été intubé deux fois. À trois reprises, ma famille a été alertée de se préparer au pire.
Et voilà que je me réveille le dimanche de Pâques. Une résurrection !
Je reste encore une semaine en réanimation. Puis, je suis transféré dans un service confiné de médecine spécialement dédié à des patients comme moi.
Il me faut réapprendre à boire, à manger, à marcher…
Mon état le permettant, on me conduit dans un service de suivi de soins et de rééducation spécialisée. Je rentre chez moi le week-end de Pentecôte.
Dix semaines en tout.
La force de l’intercession
Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ces trois premières semaines de coma.
Une réalité s’impose à moi :
Tous ces soignants font preuve d’un engagement, d’un professionnalisme et d’une détermination sans faille, toujours avec une humanité bienveillante et attentive.
Les docteurs et leurs équipes déploient toutes leurs connaissances et leurs savoirs pour, par trois fois, « venir me chercher » et me ramener à la vie.
Je n’ai de cesse de dire :
« Merci à Dieu, aux frères et aux sœurs, au rang desquels je place tout le personnel soignant. »
Je sais que j’ai été porté par des chaînes de prières et l’intercession de personnes, connues ou inconnues, de toutes confessions, d’autres religions et même sans religion, m’assurant alors de leurs pensées positives…
Une manière incarnée pour moi de vivre cette « communion des saints » que nous évoquons en confessant notre foi !
Reconnaissance
Cela fait aujourd’hui 5 ans. Déjà.
Et je suis vivant !
Sans séquelle aucune, à part une barbe blanche.
Pour moi, une nouvelle tranche de vie a alors débuté. Une occasion de reposer les fondamentaux dans mon travail, mes relations avec les autres et ma vie personnelle, porté par un mot :
« Merci » et un sentiment de reconnaissance.
J’ai pris conscience que l’essentiel n’était pas dans l’accomplissement mais dans l’être.
Merci donc à Dieu, aux sœurs et aux frères !
À toutes celles et tous ceux qui se sont occupés de moi, de près et de loin.
Reconnaissance envers Dieu qui m’a fait ce cadeau extraordinaire.
Reconnaissance envers tous ces soignants : ils m’ont ramené à la vie.
Reconnaissance envers ma famille, mobilisée pour faire face, me soutenir et aussi mobiliser amis, proches et connaissances, et au-delà, dans un engagement de prière et d’intercession.
J’ai repris pied dans la vie.
Sans forcément comprendre pourquoi je suis vivant… Cela me dépasse.
Une chose est sûre : je suis redevable.
Et je veux donner à cette partie restaurée de mon existence une nouvelle dimension :
- plus posée sans doute,
- plus sensible certainement,
- et aussi plus aimante de celles et ceux que je suis amené à croiser.
Car, oui, la vie est belle, au service dans une mission qui fait sens ! »
Bernard Guillot
Ancien directeur du journal Le Messager