La crise énergétique a fait basculer un nombre croissant de Belges dans la précarité. Même des couples qui travaillent à deux sont obligés de pousser la porte du CPAS. On voit une série de ménages qui sous-consomment parce qu’ils ne savent plus faire face à leurs factures. Aujourd’hui, un étudiant sur quatre doit travailler pour payer ses études.1 Les chances de réussite en sont diminuées. Quelles répercussions sur la fréquentation et les publics accueillis au sein des services de l’Armée du Salut ?
Après les soubresauts incessants de l’épidémie et une inflation historique, les services d’aide alimentaires et financières sont de plus en plus sollicités, et voient arriver aujourd’hui un nouveau public.
Caroline, responsable du Service de médiation des dettes de Bruxelles confirme : « Nous constatons de plus en plus que des familles avec deux revenus sont également en difficulté en raison de l’augmentation des factures d’énergie provisoires. Pourtant, ils sont encore nombreux à n’avoir aucune idée du coût de leur consommation réelle et on s’attend donc, dans les prochains mois, à ce que de nouveaux profils de personnes viennent encore frapper à notre porte pour obtenir de l’aide. Nous constatons aussi que les clients ont commencé à faire plus attention à leur consommation, en baissant le chauffage d’un degré, en portant un pull plus épais ou des sous-vêtements thermiques. Il est devenu normal de s’asseoir devant la télé avec un plaid et allumer une bougie au lieu d’une lampe. »
Pour Bertrand, officier de l’Armée du Salut à Jumet, c’est un autre public qui est affecté par ces hausses tarifaires. Même s’il reçoit de plus en plus de demandes d’aides par mail ou par téléphone, les gens sont encore assez réticents à demander les attestations nécessaires pour pouvoir bénéficier des aides que l’Armée du Salut pourrait leur offrir. Les bénévoles de Jumet ont toujours livré des colis à domicile à des personnes à mobilité réduite, mais un constat s’impose : « Nous livrons plus de colis à domicile pour des personnes en situation de handicap. » déclare Bertrand.
La crise sanitaire a, par ailleurs, entraîné une diminution du nombre de bénévoles de 30% des associations qui en avaient recours.2 Une nouvelle forme de bénévolat émerge : le bénévolat ponctuel. C’est aussi ce qu’observe Bertrand : « Nous aurions besoin de bénévoles pour soutenir nos actions de solidarité. »
À Bruxelles, en partenariat avec l’association Serve the City, la distribution de repas chaud ne désemplit pas. Deux fois par semaine, les mardis et vendredis, entre 100 et 125 repas chauds sont distribués Place du Nouveau Marché aux Grains par la dizaine de bénévoles mobilisés.
À Liège, les étudiants sont de plus en plus nombreux à demander de l’aide alimentaire. Les locaux sont également mis à disposition pour qu’ils puissent y étudier au chaud.
En Belgique, un enfant sur sept (soit 14,5%) vit dans un ménage à risque de pauvreté monétaire et plus de deux millions de Belges (soit 18,7% de la population) sont menacés par la pauvreté ou d’exclusion sociale, selon Statbel, l’office belge des statistiques.
De quoi nous interpeller, chacun d’entre nous. Nous pourrions tous, un jour ou l’autre, être confrontés à une situation de précarité. Plus que jamais, soyons solidaire. Une des missions chère au fondateur de l’Armée du Salut, est résumée ainsi : « Tant que des enfants auront faim comme aujourd’hui, je me battrai ! » Prenons part au combat !
Cécile Clément